Dossier : AK-32756





Relevé d'observation

Individu : Demange Patrick
Age : indéterminé
profession : inconnue


Ce relevé correspond à la retranscription des paroles du patient obtenues lors des différentes séances.

I> Le matin (rèf. AK-32756-I)
II> Le bar
(rèf. AK-32756-II)
III> Le centre ville
(rèf. AK-32756-III)
IV> L'hôtel de police
(rèf. AK-32756-IV)
V> La chambre
(rèf. AK-32756-V)
VI> L'école
(rèf. AK-32756-VI)
VII> Rêve de mémoire
(rèf. AK-32756-VII)
VIII> Le docteur
(rèf. AK-32756-VIII)
IX> Réalités
(rèf. AK-32756-IX)


Anamnèse I

I> Le matin (rèf. AK-32756-I)


Il fait gris, le froid m'envahit, l'environnement m'agresse. Je m'adosse à un mur. Ça ne suffit pas. Je m'assois, toujours contre le mur et je me recroqueville. Le brouhaha est trop fort. Un vertige me saisi. Je ferme les yeux.

Le froid reflux. Le brouhaha devient supportable. Je me calme. Parmi les cris, des syllabes deviennent audibles. J'arrive à percevoir des mots, des phrases :

  • Non ...

  • C'est ma bille ...

  • Pas envie ...

  • J'vais l'dire ...


Des instants pris dans le mouvement de cette foule de gamins.

J'ai l'impression que mon passé s'estompe. Comme un fil d'araignée emporté par le vent, je le perd de vue.

Pourtant des images m'en parviennent. Mais elles sont de moins en moins nettes et s'estompent dans ma perception du présent.

Le soleil, suivant sa course, se dévoile derrière la masse sombre de l'école. Les premiers rayons m'atteignent. Je m'attendais à percevoir la chaleur du soleil, mais rien ; rien que le froid qui a pris possession de mon être.

Que m'arrive t-il ? Pourquoi suis-je là ce matin, recroquevillé contre le mur de cette école ? Je me souviens vaguement que je devais aller quelque part pour faire quelque chose. Mais où dois-je aller ? Et pour faire quoi ? Tout s'embrouille. Seul parmi les sons de cette école je me perd.

Quelle heure est-il ?

Je pourrais ouvrir les yeux et regarder ma montre, mais je ne l'ose pas encore. Les rayons du soleil sont perceptibles derrière mes paupières closes. Je n'ose pas les ouvrir de peur de me sentir agressé par cet environnement.

La cloche de l'école sonne. Les gamins vont certainement rentrer en classe. Il doit être aux alentours de ... De quelle heure ? A quelle heure les gamins sont-ils censés commencer la classe ? Je ne me souviens plus.

Le brouhaha des enfants s'estompe. Ils doivent s'aligner devant leur professeur avant de rentrer en classe.

Se calme, quel contraste avec le bruit apaisant des gamins qui jouaient. Je n'entend plus rien ; quelle angoisse. Comment pouvais-je trouver reposant le vacarme de la cours de récréation avec tous ces garnements et le bruit de leurs jeux ?

Je vais ouvrir les yeux. Je ne peux pas rester comme ça. Il faut que je me relève pour aller là où je dois me rendre. Mais où est-ce ? Je ne me le rappelle pas. Mes souvenirs et ma mémoire me quittent.

Doucement je tente d'ouvrir les yeux. Je les referme aussitôt. La lumière m'éblouit. La force des rayons a provoqué un mur blanc et un élancement douloureux dans mon crane. Je me protège avec ma main et j'essaie d'ouvrir les yeux lentement.

Malgré le soleil et la morsure de lumière, j'arrive à les ouvrir. Je sent battre mon coeur à mes tempes. Un étaux se resserre autour de ma tête. J'ai toujours aussi froid. Je ne sens même pas la chaleur du soleil sur ma main. Pourtant en ... Mais au fait quand somme nous ? En quelle saison sommes nous ? Même de ça, je ne m'en souviens pas.

Je me lève doucement. Un petit vertige me surprend. J'ai du me lever trop vite. Le mal de tête s'accroche. Je ne vais pas refermer les yeux. Je dois me retrouver.

Déjà je vais essayer de savoir l'heure. Je regarde ma montre. Elle indique 12h00. Mais la trotteuse semble bloquée sur le 12. Elle avance péniblement vers la première seconde pour revenir à sa position précédente. Je dois remplacer la pile.

Je pensais que c'était le matin, que les enfants venaient juste de rentrer en classe. Le soleil est levé depuis peu, puisqu'il vient juste de passer au dessus de l'école. Ma montre doit être arrêtée depuis minuit et je ne l'ai pas remarqué.

Je vais devoir attendre pour répondre à cette question. Je ne suis plus à une question sans réponse près.

Je vais essayé de savoir où je suis. En me dirigeant vers le centre de la ville, je devrais trouver des indications, des lieux que je connais et qui me sortiront de cet état irréel ou je ne me rappelle de rien.

Je suis le mur de l'école jusqu'à la grande rue. Un plan. Je remonte la grande rue jusqu'au centre ville, comme indiqué sur le plan. Le nom de la ville ne me dit rien. Je ne reconnais rien. Je me demande comment je suis arrivé là. Mon mal de tête ne passe pas. Il est supportable. Je m'y habitue.

Vu mon état, je devrais aller voir un docteur. Mais comme je ne me souviens de rien, je risque d'être confiné dans un hôpital. Je ne le veux pas. Je ne veux plus être enfermé.

Pourquoi plus ? Étais-je enfermé ? Je ne me souviens pas.

J'ai toujours froid. Marcher ne me réchauffe pas. Je commence à avoir faim. J'arrive au centre ville. Il y a des brasseries, je vais aller manger un peu. Il me faut de l'argent.

Mon porte-monnaie est vide. Je cherche un distributeur de billets. Avec ma carte, je prends un peu de liquide. Tiens je me souviens de mon code. Je n'ai pas tout oublié.

Je pourrais regarder où j'habite. Mes papiers pourront me le dire. Mais avant je vais me restaurer un peu, au chaud dans une brasserie. Peut être que mes idées deviendront plus claires.