Dossier : AK-32756 Relevé d'observation Individu : Demange Patrick Age : indéterminé profession : inconnue Ce relevé correspond à la retranscription des paroles du patient obtenues lors des différentes séances. I> Le matin (rèf. AK-32756-I) II> Le bar (rèf. AK-32756-II) III> Le centre ville (rèf. AK-32756-III) IV> L'hôtel de police (rèf. AK-32756-IV) V> La chambre (rèf. AK-32756-V) VI> L'école (rèf. AK-32756-VI) VII> Rêve de mémoire (rèf. AK-32756-VII) VIII> Le docteur (rèf. AK-32756-VIII) IX> Réalités (rèf. AK-32756-IX) Anamnèse VIII VIII> Le docteur (rèf. AK-32756-VIII)
Le patron ou le serveur au bard me répond. Plusieurs personnes me regardent. Mais personne ne m'interpelle. Visiblement je ne suis pas connu ici. Je regarde une table seule, un peu isolée ou je vais m'assoir. Le serveur vient me voir après quelques minutes.
Le serveur s'éloigna. Le brouhaha des conversations me fait du bien. Je commence à me réchauffer. L'étau qui enserre mes tempes commence à se relâcher. Je suis parmi des personnes, mais à l'écart. Seul dans la foule. Mais la proximité de tout ce monde me rassure. Le serveur arrive avec son plateau qu'il tient à une main. Mon café, ma tartine et le verre de bière. Il dépose tout cela devant moi et coince la note sous la coupelle de la tasse.
Je porte la tasse de café chaud à mon nez. J'hume l'odeur du café chaud. L'odeur n'est pas mauvaise, mais rien d'exceptionnel. Je porte la tasse à ma bouche. Ma poche gauche vibre. Je pose la tasse et avec la main sort un téléphone. Je ne le reconnais pas. Mais comme il est dans la poche ce doit être le mien. Je regarde l'écran : une alarme. Un rendez-vous professionnel avec Mariam ! Je pose le téléphone sur la table. Je suis figé. Le vide envahit mon esprit. De toute façon, un peu plus ou un peu moins de vide dans mon esprit ne change pas grand chose. Je prends un gorgée de café et mord dans la tartine. Le téléphone est protégé par un code. Je l'ai oublié. Je pose le téléphone sur la table. Mariam n'est pas imaginaire. Nous nous connaissons. Je termine ma tartine et mon café. J'attaque ma bière. Tout en buvant, j'observe le bistrot. Les allées et venues des clients. Les habitués, les autres qui s’arrêtent en chemin. Je commande d'autres demis. Un groupe de personne discute intensément pas loin de la caisse enregistreuse. Ils doivent refaire le monde. De temps en temps le serveur intervient. Les clients acquiescent de la tête. Ils ont l'air convaincus, pénétrés par leur convictions. Au moins ils ont des convictions. Je ne sais même pas qui je suis. Et ce n'est pas en prenant une autre bière que je le saurai...
Les conversations se transforment de plus en plus en un brouhaha indistinct. J'ai l'impression d'assister à une scène de film au ralenti. Certainement les effets des bières. Mais au moins je n'ai plus froid et mon mal de tête m'a lâché. Un homme s'approche de ma table. Il s'y assoit. Je ne le connais pas. Je n'ai plus les idées claires. L'horizon a tendance à osciller. J'ai trop bu.
Mon docteur ? Un flash, une lumière aveuglante. Je vacille sur ma chaise l'horizon danse de gauche à droite et de droite à gauche. Je ferme les yeux. Un vertige me saisit. J'ouvre précipitamment les paupières. Je suis aveuglé. Du blanc partout. Un homme assis devant moi. Je suis allongé. Je panique. Je cligne rapidement des paupières. Le blanc s'estompe. Le bar apparaît progressivement comme émergeant de la brume. J'ai trop bu ? Avec 5 seulement. Juste 5 demis. Je suis bien fatigué. Mon téléphone vibre sur la table. Je le regarde. Un appel entrant : Mariam. Mon cœur cogne dans ma poitrine. Il accélère.
D'un signe de la main je lui demande d'attendre et de mon autre main je décroche en portant le téléphone à mon oreille.
L'homme en face de moi m'attrape le bras. Il le plaque sur la table m'enlevant le téléphone de l'oreille.
Je regarde le téléphone. L'appel est raccroché. Mon cœur s'emballe encore plus. |